Libération (François Sergent) "Que peut faire la gauche face au karaoké lepéniste de Sarkozy et de ses fidèles? Le choeur du président a entonné le refrain habituel, accusant les socialistes d'+angélisme+ et de +naïveté+. La ficelle est grosse, mais Sarkozy, perdu dans les profondeurs des sondages et plombé par Woerth et ses opulents amis, n’a plus guère d’autres munitions que la sécurité. (...) Il faut dénoncer ce président qui clive et dresse les Français les uns contre les autres. Ciblant les plus faibles et les plus discriminés, comme les gens du voyage. La Constitution française ne peut valider une catégorie de Français +d’origine étrangère+, comme a osé le dire le président, toujours menacés d’être déchus de leur identité. (...) En quoi ces coups de menton xénophobes vont-ils changer la vie et la sécurité dans les rues et les quartiers de France? Ce sont souvent des maires de gauche dans des banlieues difficiles qui sont à l’avant-garde dans ce combat contre la délinquance. Ils ne sont ni naïfs ni angéliques. Mais ils sont plus performants que Nicolas Sarkozy qui depuis huit ans use des mêmes artifices rhétoriques. Combien de fois n’a-t-il pas déclaré la +guerre+ à la criminalité? Combien d’opérations coups de poing ont été médiatisées pour finir piteusement, comme à Grenoble? A douter de sa compétence."
La République des Pyrénées (Jean-Michel Helvig) "(...) On se gargarisera à l'UMP de la +coupure+ qui existerait entre la France réelle et les +angélistes+ de tout poil. Ce n'est sans doute pas si simple. On peut d'abord s'étonner qu'un institut déroge à un usage de la profession qui veut que l'on ne réalise pas d'enquêtes d'opinion pendant les vacances en raison des difficultés d'échantillonage. Par ailleurs, une question supplémentaire aurait pu être posée: dans le domaine de la sécurité, le bilan de la droite au pouvoir vous paraît-il positif? La réponse aurait sans doute assombri le ciel du Cap Nègre. Ce qu'une telle enquête confirme est que les Français sont généralement portés à approuver les mesures coercitives sur le coup de l'émotion engendrée par des faits-divers graves. Au prix de curieuses formulations comme celle à consistant à demander si l'on est favorable au +démantèlement des camps illégaux de Roms+? S'ils sont +illégaux+ n'est-ce pas la logique même? (...) C'est un avertisement pour la gauche. (...) Il lui incombe de mener une opiniâtre action pédagogique auprès de l'opinion pour relever les responsabilités du pouvoir en place, c'est bien le moins, mais aussi pour expliquer sans cesse combien la lutte contre l'insécurité est affaire de patience et non pas de rage."
Les déçus du discours sécuritaire seraient donc en minorité. Marianne leur donne la parole cette semaine. La couverture est explicite. "Le voyou de la République" et cette photo d’un Nicolas Sarkozy au visage guerrier. Le magasine ouvre ses colonnes aux penseurs et aux politiques de droite déçus par le discours de Grenoble. Ce n’est pas la France que j’aime, explique Etienne Pinte, député UMP des Yvelines. Christine Boutin dénonce de son côté la stigmatisation et l’amalgame entre immigration et délinquance. "Démagogie, provocation", pour le gaulliste Nicolas Dupont Aignan.Les déçus du sarkozysme se retrouvent jusque dans les rangs de la police, note le Point. L’hebdomadaire s'intéresse à ces flics de terrain désabusés par le décalage entre le discours politique et les moyens engagés. Un policier de Grenoble explique qu’il n’y a "même plus de budget pour mettre de l’essence dans les voitures." Un autre a dû s’arranger avec le garagiste du coin pour faire réparer le fourgon de police secours. La colère gronde, sur le net, et les téléphones portables. Le Point cite par exemple ce SMS qui a fait le tour des commissariats, après les mutations des policiers impliqués dans la course poursuite de Grenoble. " Ne prenez plus de risque pour un Etat qui ne peut garantir la sécurité de ses premiers défenseurs." La déception est d’autant plus grande explique un officier anonyme que "c’est en partie grâce à nous que Sarkozy a été élu."
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