28/11/2011

C'est encore la faute des pauvres !


C’est bon, on a trouvé ! La dette abyssale, le « modèle social » menacé, le trou de la sécu, les calamités naturelles, c’est la faute de « la France qui se couche tard », et qui reste au lit pendant que les autres vont travailler et souffrent en silence du « cancer de l’assistanat ». Enfin, c’est ainsi que notre Président candidat nous l’a expliqué, relayé par ses fidèles ministres. Il est évidemment difficile de se faire une idée juste sur la question, puisque dans tout système il y a des abuseurs et des abusés et qu’il n’est pas question ici de fermer les yeux sur la fraude, mais la vraie question que nous devons retenir hors de toutes considérations politiques est la suivante : Est ce que les petites fraudes, les petits abus, les petits arrangements mettent réellement en péril la Sécurité Sociale ou non ?

Remettons les choses à leur place : la Sécu c’est 350 milliards d’euros, dont environ la moitié pour la branche maladie (donc 175 mds), les arrêts maladies se montent, selon les années, de 6 à 9 mds d’euros, soit 2 à 3% du budget total de la Sécu… coût total, fraudeurs compris.

De source officielle, le travail non déclaré par les employeurs est le premier fraudeur social (de 9 à 15 mds d’euros), les exonérations de charges patronales non compensées par le gouvernement, quant à elles, plombent la Sécu de près de 30 milliards d’euros par an.
L’autre drame vécu silencieusement par les agents de la CNAM tient à l’application stricte et zélée de la politique du non remplacement des salariés partant en retraite depuis 10 ans qui se traduit sur le territoire par la suspension des « permanences Sécu » qui se tenaient dans nos petites communes rurales, mais aussi par l’impossibilité matérielle pour la CNAM de faire respecter la loi et contrôler les fraudeurs : 5000 contrôleurs en moins en 10 ans qui rapportaient chaque année entre 2 et 10 fois leurs salaires, c'est autant de gagné pour les fraudeurs qu'ils soient employeurs, professionnels de santé ou assurés mais ce sont ces derniers qu'on pointe d'un doigt vengeur et électoraliste .

«La fraude, c’est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l’esprit de 1945 » a t’on pu entendre dans le désormais célèbre discours de Bordeaux, qui faisait suite à celui de Grenoble sur les Tsiganes, et à ceux trop nombreux où l’on a stigmatisé une partie de la population et livré à la vindicte populaire les nouveaux coupables pour récupérer quelques voix égarées.

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