11/10/2011

Revue de presse de l'entre deux tours.

Le Télégramme (Hubert Coudurier)

"(...) Un homme qui explique que nos marges de manoeuvre sont quasi nulles ne doit pas s'attendre à rencontrer des foules en liesse. Hollande a pourtant dépassé Montebourg de 22 points, preuve du réalisme des sympathisants socialistes. Celui qui aimerait fonder une VIe République a un lourd contentieux avec Martine Aubry, à laquelle il ne parle plus depuis un an à cause de l'affaire Guérini. Il serait donc naturel que Montebourg et Hollande fassent cause commune, quitte à ajouter une sérieuse dose de protectionnisme aux propositions de l'ancien Premier secrétaire du PS. Les ralliements n'ayant pourtant rien de mécanique, il reste à savoir dans quel camp basculera Ségolène Royal, qui apparaît malgré son échec comme la véritable arbitre du duel. Elle aussi n'aime pas Martine Aubry qui lui a ravi le parti dans des conditions douteuses. De là à porter secours à son ancien compagnon... C'est pourtant elle qui fut la première à moderniser la ligne du PS, mais elle n'en recueillera pas les fruits."

Le Républicain Lorrain (Pierre Fréhel)
"(...) C'est moins Montebourg lui-même que ses 17% de partisans qui feront le gagnant ou la gagnante. Donner une consigne de vote eut été de sa part retourner à des jeux politiciens qu'il a justement dénoncés pendant sa campagne aux allures novatrices. C'était, de surcroît, prendre le risque de perdre en un jour le capital qu'il avait engrangé en quelques semaines. C'était enfin choisir entre deux candidats dont il n'avait cessé de souligner la proximité pour mieux s'en démarquer. (...) Nous connaîtrons aujourd'hui le penchant de Ségolène Royal. Bien que porteuse d'un bagage d'électeurs très allégé, sa voix comptera. Optera-t-elle pour sa vieille ennemie au nom de la solidarité féminine ou pour le père de ses enfants ? Les deux femmes partagent une aimable détestation de François Hollande ! L'affrontement des finalistes sera rude, parce que le vainqueur aura de grandes chances d'être élu à la tête de l'Etat le 6 mai prochain. Autant dire que le match ne compte pas pour des prunes."

Libération (Paul Quinio)
"Arnaud Montebourg, certes arbitre de la primaire,mais pas encore promis aumême destin? Parce qu’il est fatigant d’entendre la majorité UMP décrire le député de Saône-et-Loire comme un dangereux gauchiste "irresponsable" . Parce qu’il est fatigant de voir comment certaines propositions sont, forcément, irréalistes, indéfendables et donc décrédibilisées avant même d’avoir été regardées de près. Non pas que le programme d’Arnaud Montebourg puisse servir demain, et tel quel, de feuille de route à un gouvernement de gauche… Ce n’est d’ailleurs pas ce qu’ont réclamé les électeurs du premier tour de la primaire. Ils auraient, sinon, placé le député de la Bresse en tête du scrutin. Ils ont, au contraire, promu deux profils réformistes. Mais ils ont aussi dit leur ras-le-bol de courber l’échine face à une mondialisation financière dont il serait impossible de changer les règles. François Hollande a devant lui le risque de ne pas entendre ce message et de sacrifier l’audace au nom de la gestion. Martine Aubry a devant elle le risque de trop l’entendre, quitte à promettre ce qu’elle sait impossible une fois au pouvoir. Leur défi est le même: incarner une gauche qui ne se résigne pas mais reste crédible."

L'Humanité (Jean-Emmanuel Ducoin)
"(...) D'ailleurs, dans sa frénésie d'en découdre face à un Sarkozy affaibli par son bilan historiquement dramatique, le peuple de gauche regarde forcément avec sympathie le score d'Arnaud Montebourg, en tant qu'il ouvre une brèche à l'intérieur du PS. Mettre au pas les marchés financiers, interdire les licenciements boursiers ou encore transformer radicalement l'Europe (encore un effort !) ne sont-elles pas quelques idées de rupture incontournables pour la gauche d'ici-et-maintenant ? Montebourg lui-même le reconnaît : sans la pression du mouvement social et des citoyens révoltés, ces idées n'auraient pas émergé à ce point dans le débat interne au PS et nous n'aurions sans doute pas entendu parlé de nationalisation des banques ou de création d'emplois à l'éducation nationale... Et maintenant ? Montebourg déclarait la semaine dernière : "Le PS c'est les postes et les carrières. Pas moi." Inutile de dire que son attitude va être observée à la loupe..."

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