Attribution de l’Ordre du Mérite Agricole en
faveur de M. Lionel RITTAUD, artisan boucher à Fourneaux (73500). Discours de Béatrice SANTAIS
Mesdames, Messieurs, chers concitoyens de Fourneaux,
je vais me prêter à un exercice peu fréquent pour moi et certainement tout
aussi rare pour un habitant de Fourneaux.
J’ai souhaité
présenter le dossier de demande de nomination dans l’ordre du mérite agricole
au bénéfice de Lionel Rittaud pour différentes raisons que je vais vous
exposer.
Mais préalablement, je souhaite retracer succinctement
l’histoire de cet ordre ministériel, car
ce n’est pas un hasard si le ministère de l’agriculture a la chance de
bénéficier d’un Ordre de décoration spécifique. Cet Ordre créé en 1883 par
Jules Méline se voulait à son instauration l’équivalent d’une Légion d’Honneur
donnée à titre agricole et une façon de reconnaître que l’agriculture a toujours
eu une fonction essentielle dans la vie de nos territoires et l’alimentation
une place particulière dans notre société française.
Jules MELINE, rappelant que la richesse nationale
vient, à l’époque, de l'agriculture,
constate que la " population agricole est considérable - plus de
dix-huit millions de Français vivent de cette industrie (...) et contribuent
puissamment par leur travail au développement de la richesse publique
" il note que " Pour un grand
nombre d'agriculteurs, d'agronomes, de professeurs, de savants, le labeur est
incessant, les dévouements nombreux et les récompenses rares".
Considérant l'importance de la population agricole, il était impossible de récompenser les mérites par le contingent très modeste de la Légion d'honneur mis à sa disposition. Il pense alors que " le moment est venu de créer des récompenses honorifiques spéciales permettant au Gouvernement d'honorer les serviteurs dévoués de l'agriculture ".
Tel fut l'objet du décret du 7 juillet 1883, portant création de l'ordre du Mérite agricole et du grade de chevalier.
Considérant l'importance de la population agricole, il était impossible de récompenser les mérites par le contingent très modeste de la Légion d'honneur mis à sa disposition. Il pense alors que " le moment est venu de créer des récompenses honorifiques spéciales permettant au Gouvernement d'honorer les serviteurs dévoués de l'agriculture ".
Tel fut l'objet du décret du 7 juillet 1883, portant création de l'ordre du Mérite agricole et du grade de chevalier.
Pour être admis dans l'ordre du Mérite agricole, il
faut être âgé de trente ans au moins, jouir de ses droits civils et justifier
de quinze ans de services réels rendus à l'agriculture :
- soit dans les activités mentionnées à l'article L. 311-1 du code rural et de la pêche maritime.
- soit dans les activités mentionnées à l'article L. 311-1 du code rural et de la pêche maritime.
-soit dans les services, industries et autres
activités qui s'y rattachent, notamment la filière agroalimentaire, la
gastronomie, ou la filière forêt-bois.
Monsieur Lionel Rittaud, vous êtes né le 16 mars 1971
à Saint-Jean-de-Maurienne, et vous représentez la troisième génération de la
même famille à exploiter une boucherie dans cette petite ville de Fourneaux, où
la famille s’est installée en 1967, Vous avez pris la suite de vos
parents : René et Josiane et de vos grands Parents, Johanny et Paulette.
Vous avez obtenu votre Certificat d’Aptitude Professionnelle
en 1989 après deux ans d’apprentissage chez vos parents, et votre Brevet
Professionnel en 1991, 1er de
l’académie de Grenoble, vous avez depuis concouru à diverses épreuves,
dont la Coupe d’Europe des Maîtres-Bouchers (1995), le concours du Salon
International de la Restauration, de l'Hôtellerie et de l'Alimentation (SIRHA)
en 1997 à Lyon.
Au-delà de vos compétences professionnelles, vous êtes
pleinement investi dans les instances de votre profession et celles promouvant
l’enseignement de la boucherie, si nécessaire à la perpétuation de ce beau
métier.
Membre du Conseil d’Administration du CFA du Fontanil
(Saint-Alban Leysse, 73230) de 2001 à 2003, Maître d’apprentissage depuis 2006,
Membre des Jury CAP depuis 1992, Membre du jury régional des Meilleurs Apprentis
de France, vous accompagnez le jeune boucher savoyard concourant à cette
récompense. Vous êtes également membre de la commission référentielle de
l’Académie de Grenoble pour le CAP boucher.
J’aurais presque pu vous proposer pour les palmes
académiques à la vue de votre implication dans l’enseignement de la discipline.
Au niveau des instances professionnelles, vous êtes le
Président des Bouchers de Savoie depuis 2000 (parmi les plus jeunes de France),
ancien Président de l’Abattoir de Maurienne.
Vous soutenez pleinement l’agriculture locale en
sélectionnant des bêtes auprès des éleveurs locaux (bovins de race Tarentaise
et ovins des alpages locaux), et vous participez activement aux Comices
agricoles de Maurienne.
Vous vous engagez également dans la transmission de
votre savoir-faire en accueillant les classes des écoles du canton dans votre
boucherie, en participant à toutes les manifestations de promotion de l’enseignement
professionnel. Vous avez formé au sein de son entreprise 3 CAP et 1 Brevet
professionnel.
Pour toutes ces raisons, mais aussi parce qu’il m’a
semblé particulièrement important de soutenir et de récompenser une profession
malmenée par les récents scandales sanitaires et certains professionnels très
peu scrupuleux, j’ai souhaité soumettre votre dossier au Ministre de
l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt.
J’ai déposé cette demande en pleine affaire des
« lasagnes spangero », et il m’a semblé très important et salvateur
que notre ministre puisse récompenser les gens qui travaillent bien, dans
l’amour de leur métier, dans le respect du consommateur et du fournisseur.
Cette distinction, vous recommence, à titre individuel
bien évidemment. Elle rejailli sur vos proches, vos salariés, votre famille qui
vous accompagne tous les jours : votre père, votre sœur, qui travaillent
auprès de vous, votre épouse Mathilde, elle-même très impliquée dans le
groupement cantonal de professionnels (l’union commerciale locale s’appelle le
GPCM).
C’est également la reconnaissance du travail de trois
générations de bouchers, avec comme point d’orgue votre installation dans ces
nouveaux locaux magnifiquement rénovés qui participent de l’attractivité
commerciale de l’Agglomération Modane-Fourneaux .
Je vais donc vous agrafer un « poireau », puisque
lors de sa création, les journalistes cherchant à tourner en dérision la
nouvelle « décoration des champs » lui infligèrent ce sobriquet de
poireau qui lui restera. Ce nom est donné à l’insigne constitué d’une étoile
blanche suspendue à un ruban vert, ressemblant à la plante potagère avec son
bulbe blanc et son panache vert.
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