Suite à la réaction du Président
du SPM la semaine dernière, il me semble nécessaire d’apporter quelques
éléments au débat sur le découpage des
cantons tel qu’annoncé en fin d’année 2013. Tout d’abord, il faut rappeler
que les cantons français actuels sont l’héritage de la loi du 22 décembre
1789 ; quasiment figés depuis 1800, époque où la France est un pays
essentiellement rural, sans grands déplacements de population, ils ne
correspondent plus aujourd’hui à la réalité française, ni en terme de ressenti,
ni en terme de représentativité.
Depuis, le redécoupage de 1800
n'a jamais fait l'objet d'une refonte générale, si bien qu'environ 60 % des cantons existant avant la
réforme de 2013 n'ont jamais été modifiés depuis le début du XIXe siècle.
Par ailleurs, aujourd’hui, seuls 13,5% des conseillers
généraux sont des… conseillères générales. La parité ne va pas encore de soi
dans ce scrutin.
Enfin, à partir des années 1980, le
Conseil Constitutionnel avait jugé que l’organe délibérant d’une collectivité
territoriale devait « être élu sur des bases
essentiellement démographiques » ; néanmoins, la mauvaise
prise en compte des écarts démographiques entre cantons posait juridiquement
d'importants problèmes de représentativité des territoires.
Cette jurisprudence étant
régulièrement réaffirmée, une refonte en
profondeur du découpage s'imposait, avec un risque global d'annulation d'un
scrutin cantonal pour non-respect des principes constitutionnels d'égalité des
citoyens devant le suffrage. Aujourd’hui, entre le Canton de Lanslebourg et
celui de St Jean de Maurienne, l’écart de population est de 6 (de 2500 habitants
à 16000) ; pourtant, ces deux cantons sont représentés de la même manière
au sein du Conseil Général de la Savoie.
Ce cadre, reprenant la
démographie, la parité et l’égalité des citoyens devant le suffrage étant posé,
il reste à rappeler que l’ancien Président de la République avait chargé le
« Comité Balladur » de plancher sur ces problèmes, ledit comité
proposant en 2009 un remodelage général du découpage cantonal sur base
démographique avec un scrutin de liste proportionnel à deux tours, avec une
prime majoritaire.
Le Gouvernement actuel n’a pas
choisi de conserver le « Conseiller Territorial » tel que prévu
initialement, mais partage certaines conclusions du « Comité
Balladur ». Mon collègue Conseiller régional Christian Rochette conviendra
avec moi que le scrutin proportionnel, tel que nous le vivons à la Région, s’il
permet de représenter toutes les tendances, pose parfois des problèmes, non
seulement de majorités stables mais aussi de représentation des territoires et
des populations, la même remarque étant valable pour le scrutin européen.
Voila pour le fond. Sur la forme,
faut-il s’alarmer que le SPM n’ait pas été consulté ? Devait-il l’être
alors que le Conseil Général doit lui-même se prononcer ? Le SPM a-t-il
été sollicité lors du dernier découpage législatif ? A mon sens, chacun sa
compétence et les moutons seront bien gardés.
Doit-on forcement réduire le
nombre d’élus de la République, sachant que la grande majorité des 600 000
élus de France assurent un mandat bénévole au service de leur
concitoyens ? Je suis loin d’en
être certain, au contraire : plus que jamais en cette période de
restriction budgétaire, je pense que les élus de proximité sont essentiels dans
l’accompagnement des plus faibles de nos administrés. Ce que veulent les
« citoyens contribuables », ce sont des élus efficaces et présents.
Quant au découpage
« politique », chaque majorité voit midi à sa porte, et j’en ai
autant à dire sur les limites des circonscriptions législatives telles que
découpées par Alain Marleix qui, comme dans notre circonscription, auraient dû
assurer des forteresses imprenables à la majorité sortante… Ce ne fut pas le
cas, ce sont encore les électeurs qui décident des élus qu’ils se donnent, bien
au-delà des « effets de ciseaux ». François CHEMIN, Conseiller
Régional (PS)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire